Coco - Je ne suis qu'une humble servante de l'art — Mademoiselle Coco, première chanteuse du grand opéra familial est déjà née il y a un certain temps. Quand ? Difficile à dire. Tous semblent avoir oublié cet événement, et le pouvoir de chroniqueuse de la diva n'y est pas étranger. Les carnets de Farouk recèlent sans doute cette information, à moins qu'elle n'ait poussée la coquetterie jusqu'à les falsifier aussi. Le fait est que le Nibelungen lui donne plus de 60 ans mais qu'elle prétend n'en avoir que 32 ...

Elle naquit dans une riche famille de chroniqueurs très proche du pouvoir et dont les membre étaient souvent choisis comme aide mémoire du grand Farouk. Sa mère passa sa vie à intriguer et était devenue maitresse dans l'art de distiller des souvenirs inventés de toutes pièces dans la mémoire de ses adversaires. Nombre de faux témoignages effectués en toute bonne foi trouvent leurs sources dans son esprit pervers. Elle est morte il y a cinq and maintenant, le coeur percé d'un dague tenue par une main invisible, ce qui ne surprit personne tant était grand le nombre de nobles qui la haïssait. Au contraire, son père restait toujours dans l'ombre de sa femme, agissant à la cour plus discrètement et avec plus de discernement. Sans doute loin d'être opposé aux agissements de sa femme, il a cependant réussi à rester suffisamment  extérieur à ses intrigues pour pouvoir se retirer dans son manoir après sa mort. Passionné par les livres anciens, il est un des seuls chroniqueurs à posséder une bibliothèque, pour le plaisir de manipuler le papier et d'aligner les belles reliures bien plus que pour leur contenu qu'il connait évidemment par coeur.

Coco reçut une éducation très classique pour une jeune chroniqueuse, son père s'occupant lui même de son éducation politique et sociale ainsi que de l'apprentissage du contrôle de son pouvoir. La jeune Coco ne brillait par aucun talent particulier, s'énervant vite et mettant à profit ses nouvelles capacités pour effacer discrètement les souvenirs de son entourage pour les embarrasser. Elle alla si loin avec son maitre à danser que celui-ci dut un jour être évacué du manoir sur une civière ayant oublié comment marcher. Tout changea lors de sa première leçon de musique. Dotée d'une voix naturellement belle, sa maitresse de chant Mlle Ernestine, ancienne cantatrice à l'opéra familial, décela immédiatement son potentiel et s'en rapporta à son père : "La voix de votre fille fera frissonner Farouk lui même". Sa vie s'en trouva chamboulée, chaque seconde étant dorénavant consacrée aux vocalises et autres exercices de respiration... La mémoire surnaturelle de Coco était un avantage indéniable pour apprendre les grands rôles de soprano qu'Ernestine s'empressait de lui transmettre.

Les premiers pas à l'opéra de "Mlle Coco, soprano dramatique colorature" furent remarqués par les connaisseurs, mais pas par l'esprit de famille qui n'avait alors d'yeux que pour Mlle Anna. Cette soprano mirage de grande beauté mais à la voix éraillée possédait à l'époque le coeur de Farouk et était traitée en reine tant à l'opéra qu'au Gynécée. Outrée d'une telle injustice, la jeune demoiselle Coco se vengea dès la représentation suivante. Au milieu de son grand air Mlle Anna fut prise d'un trou de mémoire abyssal et dut quitter la scène sous les huées et les trognons de choux.

Ce soir là, Mlle Coco rit un peu trop fort de la disgrâce de sa rivale et dut s'exiler immédiatement pour éviter un embarrassant procès. Nombreux auraient été les adversaires prompts à l'accuser pour se venger des injustices de sa mère. Seule mais munie de suffisamment d'argent donné par son père, elle partit pour Babel. Se présentant comme ambassadrice des arts du seigneur Farouk et en bâtissant de toute pièce le souvenir de son laisser-passer dans la mémoire de quelques personnes bien choisies, elle décrocha rapidement le droit d'accéder à la section musicale du Mémorial de Babel.

Sa vie sur cette arche fut celle d'une artiste reconnue, elle se produisait régulièrement pour les Généalogistes tout en continuant à apprendre par coeur l'ensemble des partitions conservées au Mémorial. Un ouvrage incessible au public excitait particulièrement sa curiosité : un recueil de chansons pour enfants datant d'avant la déchirure. Pour y accéder, elle accepta de se soumettre à une expérience incertaine conduite par un virtuose à la moralité douteuse connu comme fabricant d'automates. Celui-ci poursuivait le noir dessein de lui voler ses yeux et sa voix pour concevoir une poupée mécanique chantante et offrant toute l'apparence de la vie. Coco réussit à échapper à son emprise, non sans y avoir laissé son oeil gauche. Le précieux recueil de comptines n'était qu'une maigre consolation devant cette perte qui la défigurait.

Elle avait déjà perdu son oeil depuis des années lorsque que sa mère mourut. C'est de cet événement tragique que date le retour au Pôle de Coco. La cour oublieuse ne lui tint pas rigueur de ses erreurs de jeunesse, d'autant plus que son ancienne rivale Mlle Anna (dite la "Casserole-Percée") n'était plus depuis longtemps au rang des favorites.

Un soir ou Farouk semblait s'ennuyer encore plus qu'à l'accoutumé, n'ayant ni bougé ni ouvert les yeux pendant les 4 premiers actes, Mlle Coco pris le risque de remplacer son air final par une des chansons de l'album qui lui avait couté si cher. L'effet fut immédiat, Farouk se leva et ne la quitta pas des yeux pendant les quelques minutes que duraient cette simple comptine. Dès le lendemain, elle était promue Grande Prima Donna Familiale.

Mlle Coco n'est pas prête à laisser cette place à quiconque et se comporte en souveraine tyrannique à l'opéra. Elle ne s'adoucit que pour chanter des airs anciens à l'Esprit de Famille qui l'appelle parfois seule dans ses appartements. Capricieuse et égocentrique, elle se plait cependant à répéter d'une voix forte qu'elle n'est qu'une humble servante de l'art.
 

Te voilà validée, voyageuse !

Que dire ! L’histoire de Coco est d’une finesse, remplie de détails… C’était un véritable plaisir à lire !

J’aime vraiment l’idée qu’elle se serve de son pouvoir pour se rajeunir digitalement. C’est une excellente trouvaille, et cela en dit long sur sa personnalité. Son histoire est rondement menée (son passage à Babel, le livre de contes de l’Ancien Monde, que de bonnes idées !) et cela donne terriblement envie de la voir en jeu !

D'ailleurs, je t'envoie un MP pour te proposer un rp

Je n’ai rien à ajouter, si ce n’est, bienvenue !


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