Avatar : Ryu Lain (Valetz) Cosplayé en Jack Frost Métier : Sans emploi Arche natale : Le Pôle Pouvoirs : Nihiliste Messages : 131 Points : 400
Jeu 6 Juin - 20:10
Wolf se promenait lentement sur la jetée promenade de la tour de Farouk, retournant leur sourires aux couples amoureux qu'il croisait sur son chemin. De toute les illusions du Pôle, celles de la jetée promenade de trouvaient parmi ses préférées. Là où les illusions n'étaient que déception et poudre au yeux ayant pour but de dissimuler des piles de cadavres, les endroits comme les jardins suspendus ou la jetée promenade ne semblaient pas avoir d'autre aspiration que celle d’embellir la journée de ceux qui les contemplaient.
Wolf profitait donc pleinement de cette promenade avant d'arriver à destination. Car oui, le jeune Nihiliste avait bel et bien un objectif précis aujourd'hui.
Cela faisait quelque temps que la rumeur était parvenue jusqu'à ses oreilles, mais il n'avait pas encore eu le temps de vérifier par lui-même si elle était fondée.
Wolf se campa devant "L'Antre Des Fleurs" et sourit à la vue de ce nom rappelant clairement son héritage Dragon. Il était au bon endroit.
Au niveau de la vitrine, des arabesques en métal encadraient les fenêtres, et le nom du magasin, était écrit en lettres d'or, avec pour emblème un dragon dormant sur un tapis de fleurs en dessous.
Wolf pénétra dans l'antre de la Dragonne et son sourire s'étira jusqu'aux oreilles en découvrant l'intérieur.
Le magasin était d'une simplicité étonnante. Les fleurs étaient joliment disposées de part et d'autre du magasin, les bouquets étaient rangés par ordre de couleur et chaque fleur sublimait la beauté des autres, sans jamais en être elle-même amoindrie pour autant. Le tout était fait avec une minutie et un professionnalisme éclatant.
Les outils de la fleuristes étaient rangés de part et d'autre de la boutique sur différentes tables.
Un autre chose qui sautait aux yeux était l'absence de désordre pourtant commun dans ce genre d'endroit. Les fleurs étaient réparties un peu partout dans la boutique, mais leur nombre restait très éclairé, comme pour ne pas agresser les clients avec une profusion trop grande d'information. Elles étaient là, et l'on devinait facilement que la fleuriste ne devait pas cacher grand chose au public, quoique Wolf pensait bien que la Dragonne devait bien avoir une ou deux surprises en réserve.
Mais ce qui retint le plus l'attention de Wolf fut l'absence totale d'illusions. Les murs aux motifs modernes restaient sobres et ne s'encombraient d'aucune fioriture illusoire. Le Nihiliste émerveillé promena son regard dans toute la boutique, cherchant la petite bête pour finalement admettre qu'elle ne se trouvait pas ici. Nulle part, ni sur les murs ni sur le comptoir ni même sur les fleurs. On ne trouvait tout bonnement aucune illusion dans la demeure de cette Dragonne. Même chez Wolf, qui n'appréciait que les illusions artistiques et n'en possédait presque aucune, même là on pouvait trouver une ou deux illusions amusantes. Mais ici, dans l'antre du plus vieil animal du monde, on ne trouvait rien, rien d'autre que la vérité.
Le jeune homme, qui n'était pourtant pas particulièrement passionné par les fleurs, ne put s'empêcher de s'extasier devant ce spectacle qu'il pensait pourtant impossible. Il aurait eu plus de chance de trouver un véritable dragon vivant que de réussir à trouver un endroit ne recelant aucune illusion sur cette Arche.
L'auteure de ce petit chef d'oeuvre qui se tenait derrière un comptoir de bois simple lui offrit un regard suspicieux à la vue de ses yeux, oreilles et queue de loup avant de recommencer à sourire aimablement à un groupe de vieilles dames occupées à la complimenter allègrement sur la qualité de ses bouquets.
Le jeune homme était ravi, ses lèvres ne pouvant s'empêcher d'essayer d'attraper ses oreilles.
Il en avait trouvé une.
Wolf lui offrit finalement une version plus tempérée de son sourire avec un petit signe de tête avant de se diriger dans un coin de la boutique, se dissimulant derrière la brève observation d'un bouquet de Pensées Oranges avant de revenir vers la Dragonne occupée. Il n'était pas prêt à lui adresser la parole tout de suite, il voulait d'abord observer la fleuriste quelque temps.
Juste quelques minutes, le temps de cerner sa nouvelle petite perle.
Le remous des vagues s’écrasant sur le rivage. Les chuchotis de la clientèle arpentant son magasin. La douce mélodie du quotidien, apaisante.
Sigrid coupe les épines d’une rose au parfum enivrant lorsque le tintement familier de la cloche de sa porte d’entrée la tire de ses pensées. Elle relève les yeux. Se fige, un instant.
Sa clientèle est variée. Elle aime à s’en targuer lors des soirées à la Cour. Elle sert autant les plus grands Clans que le plus discret des ouvriers. Tant que la commande l’inspire, et qu’ils ont de quoi payer.
Mais un jeune homme comme ça, elle n’en a jamais vu.
Ses illusions sont… péculières, pour ne pas dire tout bonnement déplacées. Des oreilles et une queue de loup. Il n’a jamais dû rencontrer de Bête, pour vouloir ainsi s’afficher avec leurs atours.
Sigrid coupe court à la réflexion au moment même où elle nait. Les souvenirs des Bêtes ramènent avec eux un lot d’images qu’elle préfèrerait oublier. Elle se concentre plutôt sur l’inconnu, qui furette autour de sa boutique. Inspecte les murs, les établis.
Elle fronce les sourcils. Il croise son regard. Se détourne aussitôt. Un frisson passe le long de son échine. Sigrid n’aime pas son comportement.
Mais le groupe de nobles vieilles dames qui caquette dans son magasin depuis de longues minutes déjà s’approche, et elle leur offre un sourire charmant. Commercial. Toutes savent qu’il est faux, fabriqué de toutes pièces comme s’il était né dans la Manufacture d’Hildegarde. Mais personne ne s’offusque.
- Le bouquet que vous avez fait pour mon mari, il l’a adoré… - Et ce nouvel arrivage d’hortensia, un vrai chef d’œuvre !
Les compliments affluent. Sigrid ne les écoute que d’une oreille distraite, répond avec des simples « Merci » et « De rien », un œil toujours rivé sur le nouveau venu.
Les vieilles dames s’éclipsent. L’adolescent continue à tourner.
Sous sa peau, tout contre ses avant-bras, Sigrid sent ses griffes frémirent. Elle réprime l’instinct comme un animal vicieux, lui tord le nez avec une poigne de fer. Les griffes s’apaisent. Mais le doute subsiste.
A-t-il été engagé par quelqu’un pour la surveiller, se renseigner sur elle ? Quel genre d’espion s’affuble donc d’illusions si peu discrètes ? Et s’il n’est vraiment qu’un adolescent ? Cela ne le rend que bien plus dangereux encore. Incontrôlable et naïf. Une tempête prête à ravager son magasin.
Sigrid se redresse, croise ses mains devant elle. Sur ses lèvres, elle plaque son plus beau sourire. Puis elle s’avance, suave, vers le jeune homme, penché sur ses pensées comme si elles étaient miraculeuses.
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Sam 8 Juin - 18:50
Wolf se tourna vers Sigrid, un sourire imprimé sur le visage.
- Ça m'étonnerais que vous ne puissiez pas.
Il observa de plus près la Dragonne. Des mains usées par le travail de la terre, mais bien entretenues. Les tatouages sur ses bras rappelaient à ceux qui étaient capables de l'oublier à quel clan la Dragonne appartenait. Son tablier était la seule chose de tout le magasin à porter des illusions, ces dernières ne servant qu'à dissimuler les taches et réparations apportées à celui-ci au fil du temps.
Méfiante.
Le regard et le sourire de la Dragonne ne laissaient pas place au doute, Wolf était bien assez entraîné à observer tout ce qui se passait atours de lui et à voir au delà des faux semblants pour reconnaître lorsque quelqu'un essayait de cacher quelque chose derrière un sourire.
Il décida de tenter de changer ce regard méfiant en regard confus.
- Mira. dit-il simplement.
Wolf apprécia l'expression perplexe qui était brièvement passée sur le visage de Sigrid et continua : - Mira. C'est le nom de ma cousine. On pourrait croire que ça vient de Mirage, mais il n'en est rien. Son nom vient du mot miracle. Voyez-vous, lorsqu'elle était bébé, elle n'était pas supposée survivre. Elle était très malade et trop faible pour s'en remettre toute seule. Le médecin avait prévenu ses parents qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps, et qu'elle ne passerait pas la nuit. Elle n'avait que trois semaines à l'époque. Mais elle l'a passé. Celle-là et bien d'autres d'ailleurs. Et aujourd'hui c'est une magnifique jeune femme de 17 ans pleine d'énergie que l'on ne peut s'empêcher d'aimer. Si si, je vous assure, vous n'y arriveriez pas même en essayant ! Elle est toujours souriante et évoque un perpétuel soleil d'été. Elle parle fort, n'a pas sa langue dans sa poche et à l'insulte facile, et malgré tout, elle est adorable.
Wolf prit le temps d'observer le visage de Sigrid, curieux de savoir si cette Dragonne était sensible à sopn histoire et reprit : - Et voyez-vous, la magnifique couleur de vos pensées m'a immédiatement fait penser à elle sans mauvais jeu de mots. Cet orange est exactement la celui que je choisirais si vous me demandiez de la décrire par une couleur. dit-il en indiquant les fleurs dont l'orange vif semblait s'approprier le moindre rayon de lumière pour le restituer teinté de l'éclat le plus vif que l'on pouvait imaginer.
Wolf observa les autres variétés de fleurs possédant le même orange disponible dans la boutique.
-Pensez-vous qu'il vous serais possible d'utiliser vos belles mains pour me confectionner de quoi la faire sourire ?
À la première remarque du jeune homme, ses griffes se hérissent de nouveau.
Peut-être n’a-t-il pas souhaité être condescendant. Sans doute même. Mais Sigrid est formattée à la Cour, aux piques et aux rumeurs et à l’entre-deux, jamais sincères.
Il l’observe, comme elle a déjà été observée maintes fois. Elle ne lit dans son regard ni le dégoût, ni le dédain. Ni fausse admiration ou vraie fascination. Sigrid a presque oublié ce que c’est qu’un regard honnête. Pourtant, celui-ci ne lui fait ni chaud ni froid. Elle attend simplement le verdict.
- Mira.
Un mot. Perplexe, Sigrid hausse un sourcil. Puis vient la sempiternelle explication. Sigrid écoute le monologue comme elle écouterait une liste de courses. Presque blasée.
L’image mentale qu’elle se forme de Mira est tremblotante. Elle a déjà entendu cette histoire mille fois ailleurs. Mais le choix de la fleur est comme le personnage, particulier. Et cela fait longtemps qu’elle n’a pas travaillé le orange.
Décidant de jouer dans la même cour que le jeune homme, Sigrid sourit.
- Évidemment. Après tout, c’est mon métier.
D’un mouvement, elle attrape le bac de pensées. Elle tourne. Elle s’arrête. Elle hésite.
En deux pas, elle est devant d’autres fleurs. S’en saisit encore. Fait un détour par les recoins de jaune pour attraper de quoi apporter la touche finale.
Elle repasse derrière son comptoir en bois. Dépose méthodiquement les fleurs sur son établi, et ramène à elle les garnitures qui trônent de part et d’autre de ses outils. Et, silencieusement, elle se met au travail.
Les pensées. Orange. Ce n’est pas un mauvais choix. À cet aveu de considération, elle ajoute des azalées, d’un ton un peu moins soutenu. Une évocation de bonheur. Puis des touches d’anémones jaunes. Une lueur d’espoir.
Garnir. Certains pensent qu’il ne s’agit que de fioriture. Mais Sigrid a appris. Elle sait que l’ajout de verdure peut souligner la beauté d’un bouquet, le sublimer, ou bien le ruiner. Elle prend son temps. Focalisée sur son travail. Ajoutant les feuillages avec parcimonie, gardant la composition finale du bouquet en tête.
De l’extérieur, cela ressemble à une transe. Elle le sait. C’est un peu ce qu’elle ressent, elle aussi.
La touche finale. Du papier pour envelopper la base du bouquet, un lien rouge pour maintenir le tout. Sigrid se permet un dernier coup d’œil, critique. La réalisation est correcte. Sans doute pas sa meilleure. Mais loin d’être sa pire.
Elle s’apprête à tendre le bouquet au jeune homme, derrière le comptoir. Se ravise. Avec un sourire sans doute exagéré, elle demande :
- Vous avez de quoi régler ?
Le Pôle. Ou l’on paie ses achats aussi bien avec de l’argent qu’avec des informations. Sigrid n’est friande ni de l’une ni de l’autre. Elle est riche. Sa famille s’est assurée de cela. Et les rumeurs et qu’en dira-t-on ne l’intéressent que moyennement, même si elle prend parfois un malin plaisir à manier l’information contre ceux qui voient en elle une cible facile.
Alors Sigrid se demande ce que ce jeune homme a à lui offrir.
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Dim 9 Juin - 17:28
La boutique se vida de ses derniers clients tandis que Wolf regardait la Dragonne s'exécuter avec un plaisir certain. La vue d'une personne douée faire ce pourquoi elle était douée et y prendre plaisir était une des choses qui avaient le don de mettre Wolf en joie. Cependant, sa joie s'envola bien vite lorsque, pour la seconde fois, Sigrid lui présenta un sourire particulièrement froid. Ce sourire-là était presque méprisant.
- Vous avez de quoi payer ?
Wolf soupira sans cacher sa déception. - Elle est fanée...
La Dragonne inspecta rapidement le bouquet avant de revenir à Wolf. Aucune des fleurs qu'elle avait mit à sa disposition n'était fanée, on ne pouvait même pas y voir un grain de poussière.
Wolf se redressa sans toucher au bouquet. - Comment se fait-il dites-moi que, de toutes vos fleurs, ce soit la plus belle qui est fanée ?
Par deux fois la Dragonne lui avait présenté un sourire mort, et n'avait même pas semblé croire une seconde à l'histoire de Wolf. Il était vrai qu'il était facile d'inventer une histoire si bête, surtout au pôle, mais le problème résidait dans le fait que Wolf n'avait menti à aucun instant. Et, bien que l'on pouvait se méfier de lui, ou bien le prendre pour un gamin, Wolf avait espéré que la Dragonne saurait faire la différence entre lui et les autres nobles.
Il s'accouda brutalement au comptoir, vexé, regardant Sigrid dans les yeux, et de nouveau il les senti.
Les Griffes.
Puissantes. Destructrices. Magnifiques.
Prêtes à sortir et à déchiqueter le jeune homme.
Mais Wolf les repoussa, son immunité de Nihiliste lui permettant de mieux résister aux menaces des Griffes de Dragons. Il faudrait les lâcher complètement pour le forcer à utiliser son Œil.
- Devrais-je amener ma cousine ici-même pour que vous commenciez à me prendre un peu au sérieux ? demanda-t-il farouchement.
- Je vous prie de croire que je ne suis pas un simple nobliau de bas étage. dit-il en sortant de sa poche plus de sabliers qu'il n'en fallait pour payer le bouquet et en les laissant tomber sur le comptoir sans cesser de regarder la Dragonne droit dans les yeux. Dans ceux du loup ainsi que sur son sourire devenu mauvais, on pouvait clairement lire son agacement.
- Je vous prie également de croire que je ne suis en aucun cas venu ici pour me moquer de vous. continua-il en retirant les barrettes dissimulées dans ses cheveux, faisant disparaître les oreilles qui trônaient sur le haut de son crâne ainsi que la pince qui s'occupait de faire apparaître sa queue avant de les poser elles aussi sur la table.
- Et enfin, je vous prie de me faire confiance lorsque je vous dis que mes yeux ont été entraînés à voir au-delà des illusions depuis longtemps. Je sais reconnaître lorsque les gens sont brisés.
Il se redressa, ses yeux jaunes toujours plantés dans ceux d'un gris glacial de Sigrid.
- Et surtout lorsqu'ils ne le sont pas.
Il marqua une courte pause avant de continuer : - Les gens brisés sont d'un ennui mortel. Ils se contentent de jouer le jeu jusqu'à se transformer eux-mêmes en bourreaux. Mais vous n'êtes pas ennuyeuse, presque, mais pas complètement. Je commençais d'ailleurs à perdre espoir ! Mais comme je vous l'ai dit, vous n'êtes pas ennuyeuse, comment pourriez-vous l'être ? Vous avez beau réfréner vos envies de lâcher vos Griffes sur moi et vous cacher derrière des sourires froids et blessants, vous n'êtes pas aussi douée pour vous cacher lorsque vous vous laissez aller à votre passion. Alors dîtes-moi, comment se fait-il que la plus belle fleur de votre boutique se relève brusquement en entendant de la musique ?
Le silence retomba et Wolf ne dit plus rien. La Dragonne avait laissé apparaître la petite étincelle de vie que Wolf recherchait dans chaque être lorsqu'elle l'avait complètement oublié et ne s'était concentrée que sur le bouquet qu'elle était en train de créer.
Le jeune homme prit une grande inspiration et soupira bruyamment, laissant retomber ses épaules en signe de paix. Il avait dit ce qu'il avait à dire, il ne souhaitait pas que la Dragonne se braque pour une simple posture provocante de sa part.
- Et je dois avouer que je suis un peu déçu, il est rare que je fasse aussi peu d'effet à une femme. Même si je ne pensais à rien d'obscène, j'aurais quand même aimé susciter un peu plus de curiosité dans ce regard méfiant. plaisanta-t-il avec un sourire amusé.
Sigrid fronce les sourcils. Aucune de ses fleurs n’est fanée. Elle le sait. Pourtant elle vérifie le bouquet d’un coup d’œil. Mais le jeune homme parle de nouveau. Et ce qu’il dit n’a aucun sens.
Brutalement, il s’accoude au comptoir. Sigrid doit retenir un mouvement de recul, autant pour empêcher ses fleurs d’être abîmées que par surprise. Ses griffes, elles, n’ont pas la même retenue. Face à l’agression, elles s’agitent, elles surgissent. Il faut une seconde à Sigrid pour les maitriser de nouveau. Les reléguer sous sa peau.
L’expression du jeune homme, tout autant que sa posture, sont menaçantes, tandis qu’il attaque sa diatribe. Sigrid l’a irrité.
Le bruit des sabliers, s’entrechoquant contre la surface en bois du comptoir. Multitude multicolore. Sigrid a eu raison de se méfier. Qui qu’il soit, ce jeune homme n’est pas qu’un simple adolescent en quête d’une jolie confection. Mais quelles sont ses motivations ? Tout le monde cherche à obtenir quelque chose d’elle, un jour ou l’autre. Alors que vise-t-il ?
Il ne vient pas se moquer d’elle. Soit. Pourtant c’est une autre partie sa phrase qui capte l’attention de Sigrid. Les illusions. La mention n’est pas anodine. Il y a quelque chose, dans le comportement de l’inconnu. Dans sa façon d’explorer son environnement. Dans ses yeux.
Elle n’a pas le temps d’y réfléchir plus. A la place, la panique. Il a senti ses griffes. Elle qui se force à les garder bien cacher, à ne jamais les laisser échapper. Son cœur bat la chamade, dans sa poitrine. Il a vu à travers elle comme un animiste lisant un objet. Que compte-t-il faire de ses informations ? Quel sera son prix ?
Son interlocuteur se détend. Sigrid dépose le bouquet sur le comptoir. Retient un rire lorsqu’il sous-entend qu’il cherchait à la séduire. Il n’est encore qu’un jeune homme. Presque un bambin, pour elle. Et elle n’est pas intéressée. Mais elle se garde bien de lui dire. Aussi jeune soit-il, il est plus dangereux qu’il n’y parait. L’offenser n’est pas dans son intérêt.
Alors elle reconstruit ses murs. Un à un. Dans sa poitrine contractée par la peur, son cœur tente toujours de rompre ses chaînes. Elle le serre d’une main froide. L’apaise.
Le port altier, elle s’adresse à lui.
- Si vous n’êtes pas ici pour acheter un bouquet, Monsieur, je crains de ne rien pouvoir faire pour vous.
Elle regarde la porte. Elle aimerait pouvoir l’y guider directement. Pouvoir enfin se retrouver seule avec les émotions conflictuelles qui la traversent, les analyser, se recentrer. Elle ne pourra pas le faire tant qu’il est là. Un animal blessé ne roule pas sur le dos pour montrer ses blessures face à une main tendue. Il sort les crocs.
Et ses crocs, Sigrid les a affutés depuis longtemps.
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Lun 10 Juin - 17:35
Wolf se gratta le menton d'un air perplexe.
- Pardon ? Mais je vous l'ai payé ce bouquet, gardez la monnaie d'ailleurs ! Je suis sûr qu'il sera parfait pour ma cousine.
Le jeune homme ramassa le bouquet sur le comptoir et s'approcha de la sortie.
La Dragonne n'avait pas fini d'entendre parler de Wolf, aussi froide qu'elle voulait paraître, elle avait laissé sortir sa personnalité l'espace d'un instant. Une passion. Une personnalité passionnée, cristalline. Ce qui était suffisant pour attirer l'attention de Wolf.
- Sachez que votre magasin est peut-être le plus beau que je n'ai jamais vu ! Et très bien situé ! J'aimerais vraiment que Mira voie ça.
Il promena rapidement son regard d'un bout à l'autre de la boutique avant de saluer la Dragonne d'un simple geste de la main avant de sortir.
- Bonne journée !
Un animal blessé ne roule pas sur le dos pour montrer ses blessures face à une main tendue. Il sort les crocs.
L’atmosphère prend soudain un contre-pied drastique. Un instant, tous deux s’affrontent autour du comptoir. L’autre, et l’inconnu sourit et complimente son magasin. Sigrid ne sait plus sur quel pied danser.
Alors elle se contente de le laisser partir, un - « Au revoir » machinal franchissant ses lèvres tandis que la clochette de l’entrée teinte pour signifier son départ, le bouquet sous le bras.
Elle ne sait même pas qui il est. Se créer une note mentale de s’enquérir quant à sa personne dès qu’elle en aura l’occasion. Peut-être à Ezhekiel ? Pour un bouquet, il devrait pouvoir la renseigner. Si jamais il demande plus… alors elle avisera.
Lorsqu’elle pose un regard sur sa boutique, vide, Sigrid ressent une fatigue, intense. Sa main tremble. Elle ne sait pourquoi. Elle l’attrape de sa paume voisine, la restreint. Est-ce de la peur ? La panique, sournoise, qui continue à se glisser contre ses os ? Ou autre chose ?
Une grande inspiration. Une autre. Sigrid stabilise son cœur battant. Elle ne peut se permettre d’être faible, ne serait-ce qu’un instant. Car déjà, la clochette de l’entrée chante de nouveau.
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